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LES ANGES DANS LE MUR

Si je peins un ange, je suis en droit d’espérer que la figure peinte va gagner son autonomie de figure ; qu'à mes yeux l'ange deviendra un ange. Il se pourrait pourtant qu'en lieu et place de l’ange je persiste à percevoir le mur trop accidenté sur lequel il est peint. C’est à la peinture de l'ange que je suis alors confronté, pas à l'ange, ou seulement en tant que trace, comme vestige inscrit dans le temps de la surface. Ainsi, soumise aux aléas du support, la traditionnelle «fenêtre ouverte sur l’imaginaire du tableau» devient une surface «murée» et réelle. Ce qui est là n'est que ce qui s'est fait. Que peinture.

Accidenté, le support ne montre rien de plus que des traces, déposées là, en fragments et lambeaux, usées ou restaurées. Traces d’événements qui révoquent la profondeur spatiale au profit d’une perspective temporelle ... Ce qui se donne à voir, c’est bien le temps. Plus précisément du temps déposé, piégé dans les couches superposées comme autant de Moments de peinture ; traces successives de ce qui a bien pu se passer là.

A y regarder de près les opérations plastiques retenues sont celles là mêmes qui caractérisent la mémoire : effacer, restaurer, voiler, enfouir, recouvrer, … Mes peintures sont ainsi toujours à voir comme on se souvient. Très logiquement elles sont réunies sous le terme générique d'archéologies picturales. A y regarder de plus près encore, motifs anciens et techniques contemporaines cohabitent indifféremment dans le mélange réjouissant des genres et des époques. La mémoire est anachronique.

 
Bruno Dufour-Coppolani. Juin 2013