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L'IN-QUIÉTUDE DE LA PEAU

En tant que surface, qui de sa profondeur fait signe, la peau est sans doute la plus belle métaphore de la peinture. Ou peut-être est-ce l'inverse ? ...

Si je m'en prends à la grande tradition du portrait c'est qu'il privilégie l'idéal de la forme, par le clair obscur. C'est pourtant bien par la peau que le corps se manifeste, pas par la lumière. Mais comme la peau est toujours une expérience malheureuse, on l'a très joliment gommée de la peinture. Toujours symptôme, la peau nous fait signe et n'apparaît donc que pour nous inquiéter. Cette inquiétude est celle du devenir. En montrant la peau je rends la figure mortelle.

Techniquement, selon des protocoles ajustés au fil des essais, je confronte l'expérience aléatoire de la peinture aux expressions cryptées de la peau. En mélanges sable et pigments les réactions picturales se font réactions cutanées. Les couches deviennent épidermes. Dans les mêmes accidents, la peau du tableau rejoint la peau du sujet. Ce qui m’importe, c’est de maintenir la tension, toujours à son point critique, entre la représentation du corps, recevable en tant que telle, et le spectacle de la peinture, pour elle-même et ce qu’elle engage. Je crois que le vrai réalisme est là, dans les aspérités qui dérangent.

Hanté par la finitude, ce travail fait écho à la question presque abandonnée de la représentation. Au contraire de ce qui semble être un hyperréalisme, c'est le processus inexorable de la matière qui se manifeste. Parce que, de plus en plus, on masque la peau d'une fausse éternité, je montre le temps à l’œuvre. En cela mes figures sont des vanités. Pour un surcroît de réalité mes surfaces sont diagnostiquées par un médecin dermatologue ...

 
Bruno Dufour-Coppolani. Juin 2013